CONTES DE MARYSE

Publié le par Thierry

Concert de Noël du 13 Décembre à Choisy
Il y a des milliers d'années, Marie et Joseph ont fui la tyrannie d'Hérode.A l'inverse,des juifs, rescapés des camps de concentration ont embarqué sur Exodus pour rejoindre Israël . Aujourd'hui, encore,de nombreuses familles doivent quitter leur pays et devenir des exil és. C'est le cas de Zohra, Younés et leur fils Walid qui fuyaient l'horreur de la guerre de leur pays, la Syrie. L'histoire est un éternel recommencement.
Ils ont embarqué , avec beaucoup d'autres, sur un vieux rafiot. On leur avait promis la liberté, la sécurité.
Tous vivaient dans une grande promiscuité, les enfants pleuraient. Le bateau surchargé avançait lentement.Pour passer le temps, les voyageurs se racontaient leur vie d'avant : les hommes décrivaient leur beau village traversé par une rivière, les femmes parlaient de leurs parents laissés au loin.
L'évocation de la rivière de leur enfance leur mettaient du baume au cœur.
Tous avaient entendu dire que leur venue ne serait pas appréciée mais ils se rassuraient en se disant : nous avons tous le même soleil, la même couleur de sang, nous vivons sur la même planète, nous sommes tous des êtres humains.
Younés avait de la famille en France, un oncle et une tante, prêts à les accueillir. Younés gardait précieusement cette lettre de France avec ses papiers.

Après de longues semaines, ils débarquèrent en France, le passeur les avait laissés sur une plage, seuls, mais après avoir empoché le prix élevé du transport !!. On était en Décembre, les morsures de l'hiver faisaient ployer les corps face au vent.
Younés , sa famille et d'autres s'étaient mis en marche vers les lueurs de la ville. Ils croisaient des gens, certains les ignoraient, d'autres les injuriaient, mais eux, ils marchaient. Walid pleurait, il avait faim, ses parents s'étaient attardés pour le consoler, lorsqu'une voiture s'est arrêtée. Une femme leur a proposé de les emmener chez elle afin de pouvoir manger et se reposer.
Ce fut comme un soleil dans le périple de Younés, une belle éclaircie et une certitude : ne jamais désespérer des hommes !! Rassasiés, reposés, Younés s'exclama : merci, on nous avait tant prévenus du rejet des immigrés dans ce pays, vous nous prouvez que c'est faux !!
- mes parents viennent du Chili, répondit celle qui les avait accueillis, ils ont du fuir la dictature de Pinochet. Mon père était l'ami de Pablo Neruda, si la France ne l'avait pas accepté, il serait mort torturé en prison. Ecoute la complainte de Pablo Neruda et tu comprendras.
Avant de leur proposer une chambre pour passer la nuit, elle leur chanta : Dors, bébé dors! La belle musique de cette berceuse qui raconte, pourtant, une séparation les rassura avant de les endormir.

Le lendemain, l'enfant dormait enfin d'un sommeil apaisé dans les bras de sa mère quand l'hôtesse invita ses protégés à l'accompagner à l'église du village. Younés la suivit ne voulant pas la froisser. Il se retrouva face à une crèche. Le bœuf et l'âne entouraient un enfant posé sur la paille, un enfant qui lui rappelait son propre enfant endormi.
Puis une jeune femme, elle aussi, immigrée vêtue d'un sari entonna Namaste.
Puis tous les présents se rassemblèrent, tous se donnèrent la main et tous chantèrent:tu es de ma Famille.
Loin de son pays, loin des rites de sa religion, Younes se sentit accepté, accueilli. Des larmes coulèrent sur ses joues. Puis, il partit en courant, revint quelques minutes plus tard, tenant son épouse par la main et son fils dans les bras.
Unis dans cette belle fraternité, ils se sont reconnus dans la prière à Santa Maria de la Guadalupe, eux aussi étaient fatigués d'avoir tant lutté, ils avaient besoin de protection.
Ils se sont aussi reconnus quand les femmes ont chanté la mémoire d'Abraham, l'ancêtre de toutes les religions. Eux aussi se posaient des questions sur le lendemain, eux aussi aspiraient à la paix, eux aussi espéraient un avenir rempli de joie pour leur enfant. Tout le village a ressenti la solidarité qui les unissait,et c'est le cœur empli de joie qu'ils ont entonné Spiritus Dei

Après cette belle journée, Younés et sa famille sont repartis dans un train vers Paris. Ils ont retrouvé les seuls parents qui leur restaient. Puis vint la nuit de Noël. Ce fut avec une ferveur particulière, au goût de fleurs que les habitants de ce village si accueillant ont chanté ensemble.
Le tintement des cloches du Noël Autrichien a semblé plus léger, aérien comme les voix de leurs sopranes.
C'est avec un entrain sans pareil que tous et toutes ont repris les chants de leur enfance : Il est né le divin enfant, Mon beau sapin, Vive le vent et Les anges dans nos campagnes.
Pour terminer ce merveilleux moment, le célèbre Adeste fideles a clos la soirée.
Ce sera aussi la fin de notre concert.

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